Projet ciné-concert à la Maison d’Arrêt de Laval

Publié le 12 janvier 2022

En 2021, le projet créé en collaboration avec la Ligue de l’Enseignement Pays de la Loire et la Maison d’arrêt de Laval se penche sur le processus de création d’un ciné-concert.

De la composition musicale à l’écriture du texte, en lien à un extrait de film existant, le terrain de jeu est vaste. C’est l’équipe d’« ORLY ciné-concert » qui a orchestré l’intégralité du projet avec méthode et enthousiasme. Un programme complet permettant à chacun de découvrir, pratiquer, créer dans un cadre de confiance et de bienveillance, sans prise de risque.

Cyril, musicien du projet et Jérémy, ingénieur du son, sont venus avec différentes machines afin de faire pratiquer les détenus. Pads, loop, onduleur, les possibilités étaient quasi infinies. Tester, essayer, triturer étaient les maitres mots. D’abord sans contrainte afin de s’approprier les différents outils, puis est venu le temps de découvrir l’extrait du film. Il servira de base à la création musicale.

Lors du premier atelier, armés de stylos et de carnets, les participants ont pu tester leur plume et faire quelques exercices ludiques de mise en confiance. Pour la deuxième séance, l’exigence monte d’un cran et s’attaque à une écriture plus personnelle : « Écrire un bout de soi, flirter les mots au plus près de ses émotions, ses ressentis. Et au milieu de la grisaille, des fulgurances de lumière. » Un extrait du film « La Jetée » projeté à l’écran pour que chacun puisse écrire un texte selon ce que lui inspirait l’extrait, ses émotions, ses envies.

Après 4 ateliers de pratiques séparées, il était temps de réunir les différents éléments qui composent un ciné-concert. Les intervenants et les participants se sont donc réunis pour un atelier collectif. Pour les musiciens, il faut retrouver les différents éléments rythmiques créer lors des ateliers précédents, caler les choses sur l’extrait vidéo et également prendre en compte le texte qui s’ajoute à cela. Pour les écrivains, il faut appréhender le texte final, apprendre à poser sa voix, ses pieds et son corps mais aussi parler dans un micro et donner du rythme à sa lecture. Pour tous, c’est un travail d’écoute de l’autre.

Le résultat plait à tout le monde, il est donc temps de le présenter au public. C’est un public peu nombreux qui s’est présenté cette après-midi-là. Peu nombreux, mais attentifs ! On lance donc l’extrait du film de 3 min et progressivement s’ajoute la musique et le texte. Une belle écoute et un public impressionné, presque déçus de ne pas avoir pris part aux ateliers.

Suzanne Jeanneau, plus connu sous le nom de Suzon Illustration, est graphiste et illustratrice free-lance. Son rôle dans ce projet ? Réaliser un reportage de l’intérieur.

Depuis plusieurs années, nous peinons à valoriser les projets portés au sein de la Maison d’Arrêt de Laval. Pas par manque d’envie, ni par manque d’opportunité mais surtout par manque de supports visuels. Pas facile de communiquer sur le cœur des projets quand les visages sont floutés, les gens de dos et les voix modifiées. Évidemment, nous avons conscience que toutes ces contraintes servent à la protection des personnes détenues. Mais les échanges avec les artistes, les créations, … sont souvent percutantes, passionnantes et valent la peine d’être partagées.

Nous avons donc proposé à Suzon de rentrer avec les intervenants et de se laisser porter, elle et son crayon. Sa présence n’est évidemment pas passé inaperçu auprès des participants et les dessins leur seront envoyés. Ils seront même imprimés et exposés à la bibliothèque de la Maison d’Arrêt.

Le texte qui suit, est une composition faite à partir des écrits des 3 participants aux ateliers d’écriture :

« Paris 1962
Je me suis rendu, au pied de la Tour Eiffel, contempler les dégâts.
Paris était si belle, si accueillante.
Je me souviens de mes balades à vélo, m’asseoir sur un banc, fumer une cigarette, entendre le vent sur les feuilles des arbres, écouter les oiseaux, les odeurs, les musiques, les bruits de la rue.

Où est le soleil qui inondait mon insouciance ?
Pourquoi ? Pour qui ?
Cet effroyable vacarme, ces montagnes de pierres, ces squelettes d’immeubles. Nous avons tout perdu.

J’aperçois une entrée avec au bout, une lumière noire. Adieu blancheur.
J’avance.
Des murs sombres, des hommes.
Sont-ils des tortionnaires ? Ils m’expliquent être les seuls survivants.

Voici plusieurs mois que je suis enfermé. Les mêmes visages chaque jour, tenir le coup, être fort, ne pas devenir fou à lier.
Je discute avec tout le monde.

Il y a là, un aller sans retour vers la tragédie finale.
Quand est-ce que tout cela s’arrêtera ?
Au bout une lumière. Je crains tant de choses, hélas. »

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