Vous ?
Je suis né le 12 octobre 1979 à Drancy. J’ai grandi à Saclay, voguant très vite dans la musique en y organisant des concerts. Nous avons monté une association qui s’appelait Trashi Trasho, dont les objectifs étaient la promotion de la culture sous toutes ses formes. Je me suis investi dans beaucoup d’associations, en montant notamment un réseau de musiques actuelles en Essonne. Puis, je suis parti au Kosovo avec ma chérie de l’époque. J’y ai rencontré des jeunes de mon âge qui m’ont demandé ce que je faisais en 1998 : j’étais tout fier de leur répondre que je passais mon bac. Sauf qu’eux avaient perdu leurs parents et tenaient un fusil pendant le conflit avec la Serbie. Ces rencontres m’ont fait réfléchir sur mon utilité dans la vie. Nous avons monté un projet de festival. Nous sommes partis à 50 en bus. Nous avons mis en place des échanges de musiciens entre les Balkans et la France, des tournées et le management de groupes. Le réseau s’est constitué autour de l’export et dans le montage de projets européens. J’ai ensuite rencontré celle qui est aujourd’hui ma femme, qui habitait à l’époque au Pouliguen. J’ai souhaité me rapprocher. J’ai intégré Le Pôle de coopération pour les musiques actuelles en Pays de la Loire qui regroupe environ 120 structures (salles de concerts, festivals, tourneurs, médias, centres de formation…). Je suis monté en compétence de manière exponentielle, la région étant précurseur sur de nombreux sujets.
Crise ?
La gestion à distance, les décisions urgentes et les déceptions ont compliqué mon arrivée, tout comme la mise à mal du travail d’un an par l’impalpable. Cette crise nous a cependant permis de confronter et partager notre projet, en nous projetant sur le fond. Nous prenons en compte la contrainte pour transformer une partie de nos propositions.
Ambition ?
Le département est une terre de coopération et de valeurs en matière de durabilité des projets, d’engagement bénévole et associatif. Il y a en Mayenne une facilité à se connaître. Le travail de Mayenne Culture et des Communautés de Communes est reconnu par l’extérieur. Il est essentiel de renvoyer cette image d’un territoire dynamique et créatif, ce sur quoi nous avons déjà commencé à travailler avec notamment Cinqtrois, le portail d’accompagnement des groupes émergents et l’intégration de Live Europe.
Public ?
Comme tout service public, nous devons nous adresser à tous les citoyens du territoire. L’accessibilité au 6PAR4 ou au festival des 3 éléphants n’est pas toujours naturelle. L’idée est donc d’aller chercher les publics pour les convaincre que leurs richesses culturelles font partie de notre culture commune.
Agitateur de talents ?
Le secteur s’industrialise, notamment avec des rachats de festivals, de catalogues d’artistes et de salles de concerts. Même avec un label d’état, nous demeurons des artisans. Une des premières actions à mon arrivée a été la création d’un collectif des festivals mayennais. Nous sommes dans une démarche de bienveillance et de dialogue permanent. Nous sommes en adéquation avec notre écosystème, en faisant vivre toutes les forces vives. Notre engagement est de travailler avec des producteurs indépendants, avec notre patte artistique basée sur l’émergence et l’exigence.
Horizon ?
Jusque fin 2020, les spectacles seront assis au 6PAR4. Sauf signes encourageants, nous ne pourrons pas repartir normalement début 2021. Il est donc question d’investir d’autres lieux, avec des actions «hors les murs». Concernant le prochain festival des 3 éléphants, on ne retrouvera pas ou peu les artistes prévus cette année, certains étant programmés sur le dernier trimestre. Notre marque de fabrique est la découverte et nous ne voulons pas pénaliser les projets excitants de l’année prochaine.
Mort culturelle ?
Le secteur s’est toujours adapté. Une civilisation ne peut pas vivre sans culture. Il ne faut jamais se résigner. La nature a horreur du vide.