Hervé + Brasier / samedi 9 novembre 2024

Complet

Concert

On raconte qu’un shoot d’Adrénaline est capable de faire repartir un cœur à l’arrêt. Au 6PAR4, le nôtre battra à coup sûr au rythme de l’album d’Hervé. Avec Brasier, on rira, parfois nerveusement, mais il n’est pas impossible qu’il nous soutire aussi quelques larmes.

HervéFrance / Pop

Foncer. Ne pas penser à hier, et le moins possible à demain. Voilà l’état d’es­ prit qui a guidé la réalisation d’Adrénaline, le troisième album d’Hervé, à paraitre le 31 mai.

Une collection de chansons composées à l’instinct et enregistrées dans la foulée en équipe réduite à Brixham, sur la côte sud de l’Angleterre, la tournée de son deuxième album Intérieur vie à peine terminée. Une sorte de retour aux sources pour Hervé, qui, en véritable numéro 10, s’est entouré de sa famille, de ses proches et son équipe qui l’accompagne depuis cinq ans pour remo­ biliser une forme d’énergie collective et remettre la musique au centre du jeu.

Sacré  »Révélation masculine » aux Victoires de la Musique en 2021 pour Hyper, album inaugural où il organisait la rencontre inédite entre l’impression­ nisme rock d’un Bashung et le dancefloor, Hervé a donc choisi, comme on re­ vient aux fondamentaux, de retrouver l’Angleterre. Un pays sillonné de long en large, d’abord pendant son adolescence à travers les ondes FM des radios rock qui nourrissaient leurs playlists avec les tubes des années britpop, puis sur le siège arrière d’une Ford Fiesta avec son groupe Postaal, booké à tra­ vers tout le royaume au milieu des années 2010.

C’est donc dans cette atmosphère que l’on se retrouve catapulté en poussant la porte d’adrénaline, avant que ne surgisse l’énorme basse électro-funk de CLASHHH ! et qu’une guitare ne vienne mordre la chanson aux couplets. C’est la première surprise qui nous attend ici : la présence de l’instrument roi du rock, une nouveauté chez Hervé. En majesté sur le premier single extrait de l’album, Sémaphore, émouvante ballade acoustique lestée par le spleen des années qui défilent dans le rétroviseur, la guitare joue également des épaules sur le jangly Encore, dont on jurerait la mélodie tombée des flight cases d’Electronic, le projet de Johnny Marr et Bernard Sumner qui unissait déjà à l’époque les mélancolies des deux plus influents groupes d’indie-pop british des années 80, The Smiths et New Order.

Sur Comme tout le monde, irrésistible boogie-rock T-Rexien, c’est le babil , d’un nouveau-né qui ouvre le match, et c’est la voix d’Eric Cantona himself qui semble lui répondre en écho sur Adrénaline, ravissante plage instrumentale où l’on se prend à rêver enchainer les jongles sous un soleil couleur crème aux œufs en compagnie de l’ancien  »King » de Manchester United.

Pour autant, la petite entreprise DIV d’Hervé n’évolue pas que dans la brique rouge et les bow-windows écaillés : si Le Tube de l’été évoque malicieuse­ ment l’inusable Common People de Pulp, chanson qui a rendu sa fierté à la working class britannique, c’est bien encore au tranchant des textes du re­ gretté Daniel Darc (Taxi Girl) et aux jeux de mots carambolés de Boris Berg­ man et Jean Fauque, les paroliers historiques de Bashung (sur Moins une ou Rien de personnel) qu’Hervé affûte sa plume, toujours l’une des plus sin­ gulières qui soit de ce côté-ci de la Manche.

On raconte qu’un shoot d’adrénaline est capable de faire repartir un cœur à l’arrêt. Cette année, le nôtre battra à coup sûr au rythme de l’album d’Hervé.

herve.store/

Brasier

Avec son 1er EP, « Boite noire », Brasier a été programmé dans le cadre du festival du Chaînon Manquant, aux Bars en Trans, et a assuré plusieurs premières parties pour Feu Chatterton, Hervé, Victor Solf, Demi-Portion, etc. Côté médias, l’artiste lavallois a pu défendre ce premier essai jusque dans l’émission Culturebox, sur France 4. La radio FIP a joué son titre « L’enfant bleu », qui raconte l’enfance martyre de son père, et Brasier s’est classé dans le top 5 du Réseau Quota.

Son 2ème EP, « Canadair », constitue une sorte de mini-album concept au fil duquel on suit les déboires de son narrateur, en proie à une loose existentielle qui le rend pour le moins furax et sarcastique. Dans la lignée de « Boîte Noire », « Canadair » radiographie l’époque à grands coups de punchlines usinées au lance-flammes, d’où le nom de l’artiste. Dans ce nouvel opus, Brasier se montre tour à tour cynique, cabot, dépressif, pince-sans-rire, provocateur et sans filtre. Les prods de « Canadair » ont été confiées pour l’essentiel à Cord, qui slalome entre une culture hip-hop habilement digérée et une électro qui lorgne parfois aux confins de la musique industrielle. 

Sur scène, c’est un savant dosage d’émotions brutes et d’humour. On rit, parfois nerveusement, mais il n’est pas impossible que Brasier nous soutire aussi quelques larmes. 

 

Brasier est soutenu par le dispositif cinqtrois qui lui permet notamment de préparer son nouveau live lors d’une résidence de création son et lumières au 6PAR4 qui aura lieu en septembre.